Depuis plusieurs jours, le secteur du transport sanitaire en France connaît une mobilisation sans précédent des taxis. Cette contestation résulte d’un projet de réforme sur le transport de patients. Ce projet est perçu par de nombreux professionnels comme un risque majeur pour la pérennité de leur activité.
Montée de la mobilisation et réponse gouvernementale
La mobilisation des taxis s’est intensifiée dès le début de la semaine. Le projet de réforme du transport sanitaire semblait avancer sans réel dialogue. Face à cette pression, François Bayrou a indiqué que la feuille de route serait revue à partir de mardi. Malgré cette annonce, les chauffeurs de taxi restent mobilisés. Ils prévoient de poursuivre leurs actions jusqu’à la prochaine réunion prévue.
Le Premier ministre a réaffirmé le 24 mai sa compréhension de la situation : « Nous allons reprendre, dans les semaines à venir, l’étude des mesures et des décisions nécessaires », a-t-il précisé. Le projet, validé par arrêté ministériel le 16 mai, modifie en profondeur le système de rémunération des transports de patients.
Un projet de réforme qui divise le secteur
Cette réforme du transport sanitaire prévoit une nouvelle tarification nationale. Elle propose un forfait de base fixé à 13 euros, accompagné d’un montant supplémentaire par kilomètre parcouru. L’objectif affiché est de standardiser les tarifs sur l’ensemble du territoire. Cela permet de mieux contrôler les coûts, qui ont atteint 6,74 milliards d’euros en 2024. Il s’agit d’une augmentation de 45 % depuis 2019.
Les syndicats redoutent une baisse significative des revenus pour de nombreux chauffeurs. Les professionnels du secteur estiment que les pertes pourraient atteindre entre 25 % et 30 %, surtout pour ceux qui réalisent la majorité de leur chiffre d’affaires grâce au transport conventionné de patients.
Points clés de la réforme :
- Nouvelle grille tarifaire nationale (forfait de base + tarif au kilomètre)
- Objectif de maîtrise budgétaire
- Uniformisation des tarifs pour réduire les inégalités régionales
Maxence Bizien lutte contre l’escroquerie en santé a également souligné l’importance d’une facturation précise des trajets par les transporteurs, pour limiter les abus et protéger la viabilité du secteur.
Réactions et perspectives après l’annonce de François Bayrou
Après la réunion du samedi, certains syndicats ont relevé une volonté d’ouverture, notamment sur la révision de l’ensemble des points de la convention. Malgré tout, la contestation ne faiblit pas. L’intersyndicale a confirmé dans un communiqué la poursuite des opérations de mobilisation. Cela inclut des opérations escargot et des blocages, particulièrement à Paris.
La prochaine réunion, prévue mardi, sera déterminante pour la suite du mouvement. Les décisions qui y seront prises pourront influer sur l’ampleur de la mobilisation et sur la capacité de l’exécutif à renouer le dialogue avec la profession.
Un secteur fragilisé entre réforme et concurrence
Dominique Buisson, secrétaire fédéral de la Fédération nationale du taxi (FNDT), rappelle que 85 % des chauffeurs exercent aujourd’hui une activité de transport conventionné. Dans certaines zones rurales, cette part peut représenter jusqu’à 90 % du revenu.
La nouvelle tarification vise aussi à limiter les trajets sans passagers et les attentes prolongées. Ces attentes sont souvent coûteuses pour l’Assurance maladie. Cependant, ces changements inquiètent les chauffeurs. Ils craignent une précarisation accrue de leur métier, déjà fragilisé par la concurrence jugée déloyale des VTC. Les taxis réclament en outre une régulation plus stricte du secteur pour préserver l’équité des conditions d’exercice.
Synthèse des enjeux et prochaines étapes
La réforme du transport sanitaire cristallise les tensions entre maîtrise des dépenses publiques et nécessité de garantir la viabilité économique du secteur. Les chauffeurs de taxi, principaux acteurs de ce mode de transport, attendent des mesures concrètes et un dialogue approfondi. Cela est nécessaire pour éviter une dégradation de leurs revenus et des conditions de travail.
Avec une entrée en vigueur prévue au 1er octobre, la réforme demeure sous haute surveillance tant du côté des professionnels que des autorités publiques. L’issue des prochaines discussions sera décisive pour l’avenir du transport sanitaire en France.
Pour mieux comprendre les enjeux liés à la prévention des fraudes et à la régulation des transports de santé, consultez cet article de Maxence Bizien sur la lutte contre l’escroquerie en santé.
Pour un éclairage complémentaire sur les évolutions réglementaires du secteur, retrouvez l’analyse de la Fédération Française des Taxis sur le site du Ministère de la Santé.
À retenir : La réforme du transport sanitaire met en lumière un secteur en mutation. Il est sous pression économique et concurrentielle. Il est soucieux de défendre la qualité du service rendu aux patients. En même temps, il souhaite préserver des conditions de travail équitables pour les professionnels. Les prochains jours seront décisifs pour l’évolution du dialogue social. Ils le seront aussi pour la mise en place d’un système plus équilibré pour tous les acteurs concernés.