Lors des auditions de la Mission d’évaluation et de contrôle des lois de financement de la Sécurité sociale (Mecss), les complémentaires santé étaient sur la sellette, notamment en ce qui concerne la prise en charge des médecines douces. La présidente de France Assureurs, Florence Lustman, a tenu à défendre leur pertinence tout en clarifiant certains malentendus.
Des médecines douces au cœur des débats
Une offre critique mais fondamentale
Depuis plusieurs années, les pratiques non conventionnelles, souvent regroupées sous l’appellation « médecines douces », se sont multipliées dans les contrats santé. Alors que certains y voient un argument marketing plus qu’un réel service médical, les assureurs mettent en avant les besoins des assurés et le cadre rigoureux dans lequel ces prestations sont intégrées.
Auditionnée le 27 mars au sein de la commission des Affaires sociales de l’Assemblée nationale, Florence Lustman, présidente de France Assureurs, a réagi vivement aux critiques. Sous-entendant les amalgames avec des pratiques douteuses, elle a précisé :
« Ce n’est pas de la voyance ! Je parle de psychologues, de nutritionnistes, d’activité physique adaptée, ou encore d’ostéopathie. Il y a un diplôme, un suivi. [Ces pratiques] représentent une part minime des prestations remboursées. »
Une demande croissante des assurés
Multiplication des dépenses liées aux médecines douces
Selon un rapport sénatorial de septembre 2024, les dépenses associées aux médecines douces ont été multipliées par cinq entre 2014 et 2022, atteignant près d’un milliard d’euros en 2022. Cette évolution souligne une croissance notable de la demande des assurés pour ces pratiques. Ostéopathie, sophrologie ou encore acupuncture sont désormais régulièrement intégrées dans les contrats de base des complémentaires santé.
Cependant, ce même rapport met en lumière plusieurs critiques :
- Certaines prestations ne concernent pas tous les assurés.
- Les risques de dérives sectaires sont une inquiétude centrale, nécessitant une vigilance accrue.
Pour répondre à ces préoccupations, le Sénat recommande un dialogue annuel entre les complémentaires santé et la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) afin de prévenir tout abus.
Une défense unanime des complémentaires santé
Les fédérations réunies pour assurer la pertinence des pratiques
Face aux interrogations des pouvoirs publics, les trois grandes fédérations de la complémentaire santé – France Assureurs, Mutualité Française et CTIP – ont défendu d’une seule voix l’intégration des médecines douces.
Florence Lustman, lors du 34ᵉ édition de Reavie, a témoigné avec force de la popularité de ces pratiques auprès des assurés en interrogeant son audience :
« Est-ce que ceux qui n’ont jamais consulté un ostéopathe peuvent lever la main ? »
À ses côtés, Éric Chenut, président de la Mutualité Française, et Dominique Bertrand, président du CTIP, ont également appuyé la démarche :
- Éric Chenut : « Ces pratiques non médicales doivent être soit interdites, soit pleinement reconnues lorsqu’elles répondent à des critères validés : formations certifiées, inscription au répertoire partagé des professionnels de santé (RPPS)… Ensuite, c’est aux assureurs de décider si elles entrent dans nos offres. »
- Dominique Bertrand : « Elles répondent à de véritables besoins tout en restant marginales dans la structure globale des dépenses santé. »
Un enjeu entre régulation et demande populaire
Le dilemme pour les complémentaires santé
La question posée est essentielle : comment intégrer efficacement les médecines douces dans un cadre assurantiel tout en limitant les abus ? Ces pratiques répondent à une demande sociétale croissante tout en soulevant des interrogations sur leur pertinence et leur encadrement.
D’un côté, les pouvoirs publics alertent sur le risque de dérives sectaires, comme le rappelait le ministère de la Santé lors du comité de dialogue des complémentaires santé de décembre 2023. De l’autre, les assureurs soulignent leur rôle dans l’accompagnement de la santé globale des assurés, notamment en complément des remboursements traditionnels.
Conclusion : une bataille d’équilibre
Avec près d’un milliard d’euros dédiés aux médecines douces, les complémentaires santé répondent à une véritable attente des assurés, tout en faisant face à des critiques récurrentes. France Assureurs, par la voix de Florence Lustman, défend un équilibre basé sur un cadre rigoureux et une écoute des besoins.
À l’approche des conclusions de la Mission d’évaluation et de contrôle des lois de financement de la Sécurité sociale à l’automne, reste à voir si ces pratiques seront davantage régulées ou encouragées pour accompagner une santé plus holistique.
Pour en savoir plus sur les médecines douces et le cadre de leur remboursement, consultez France Assureurs (franceassureurs.fr) ou les recommandations de la Miviludes (miviludes.gouv.fr).