La Sécurité sociale fête ses 80 ans en 2025. Pourtant, derrière la commémoration, le déficit s’alourdit, incitant la Cour des comptes à tirer la sonnette d’alarme. Le rapport publié le 14 avril 2025 souligne des enjeux majeurs pour l’avenir du système. Ce système est un héritage du Conseil national de la Résistance et un pilier du modèle social français.
Un modèle sous pression budgétaire
En 2024, la Sécurité sociale affichait un déficit supérieur à 15 milliards d’euros. Ce déséquilibre, loin d’être accidentel, s’explique par plusieurs facteurs. Ces facteurs incluent la hausse du nombre de personnes âgées, les allègements de cotisations, et l’augmentation continue des dépenses de santé. La célébration de ses 80 ans coïncide ainsi avec la publication d’une analyse budgétaire exigeante. Cette analyse est suivie de près par les décideurs publics.
Le président de la Cour des comptes, Pierre Moscovici, rappelle l’urgence d’un retour à l’équilibre. Il souligne depuis novembre 2024 la nécessité d’une « prise de conscience collective ». Selon lui, seules des économies substantielles permettront de stabiliser durablement la Sécurité sociale.
Assurance maladie : Un financement à réformer
Le budget 2025 de l’Assurance maladie a été adopté à 265,9 milliards d’euros, en hausse de 3,4% sur un an. Les hôpitaux bénéficient d’une enveloppe supplémentaire d’un milliard d’euros et les EHPAD de 300 millions d’euros via un fonds d’urgence. Cependant, ce soutien financier s’accompagne d’un déséquilibre persistant.
L’Objectif national de dépenses d’assurance maladie (Ondam), qui limite les dépenses depuis 1997, peine à juguler la hausse des coûts. Selon la Cour des comptes, le cumul des déficits des branches maladie, accidents du travail et autonomie pourrait doubler d’ici 2028. Cela pourrait dépasser 20 milliards d’euros par an. À ce rythme, la dette sociale atteindrait plus de 70 milliards d’euros hors intérêts d’ici trois ans.
Pistes d’économies et leviers d’action de la Cour des comptes
La lutte contre la fraude reste une priorité. En 2024, la Caisse nationale d’Assurance maladie a évité 628 millions d’euros de fraudes. Cela est bien en deçà des 4,5 milliards d’euros estimés. Les contrôles doivent être renforcés, notamment sur les affections de longue durée et les transports sanitaires. Ces contrôles représentent 6,3 milliards d’euros de dépenses en 2023.
Le rapport préconise également de recentrer les remboursements sur les soins les plus justifiés et efficaces. La restructuration de l’offre de soins est avancée comme solution. Cela inclut le développement de la prévention, l’augmentation de l’ambulatoire et la réorganisation des petits établissements en pénurie de personnel.
Répartition du financement : vers un nouvel équilibre
La Cour des comptes recommande un partage plus équilibré des charges entre l’Assurance maladie et les organismes complémentaires (mutuelles, assureurs, instituts de prévoyance). L’objectif est de mieux répartir l’effort entre l’État, les complémentaires et les assurés, dans un cadre pluriannuel concerté. Cette évolution s’illustre par la réduction du plafond d’indemnités journalières pour arrêt maladie. Ce plafond est passé au 1er avril 2025 de 53,31 euros brut à 41,47 euros brut, pour un gain estimé à 600 millions d’euros.
Au total, la combinaison de ces mesures – du renforcement des contrôles à la réorganisation des soins – pourrait générer entre 19 et 21 milliards d’euros d’économies d’ici 2029. Ces projections sont selon la Cour.
Illustrations et données clés
- Déficit Sécurité sociale 2024 : 15 milliards d’euros
- Budget Assurance maladie 2025 : 265,9 milliards d’euros (+3,4%)
- Fraude évitée en 2024 : 628 millions d’euros
- Coût des transports sanitaires 2023 : 6,3 milliards d’euros
- Dette sociale projetée 2028 : 70 milliards d’euros
- Économies attendues d’ici 2029 : 19 à 21 milliards d’euros

La refonte de la Sécurité sociale s’impose à court terme pour garantir son avenir. Le rapport appelle à agir sur plusieurs leviers : rationaliser les dépenses, optimiser les remboursements et repenser la répartition du financement. L’atteinte de ces objectifs est indispensable pour préserver ce socle de solidarité.
Les assurés, les complémentaires et l’État devront s’adapter à cette nouvelle donne. Les professionnels du secteur trouveront des ressources complémentaires sur l’actualité de l’assurance santé et des réformes.
Pour approfondir le sujet, le rapport complet de la Cour des comptes est consultable sur le site officiel de la Cour des comptes.
En s’appuyant sur une analyse rigoureuse et des propositions concrètes, la Sécurité sociale peut envisager son futur avec plus de sérénité. Les décisions prises aujourd’hui conditionneront sa capacité à continuer de protéger efficacement chaque citoyen demain.
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