Depuis l’instauration du système de retraite par répartition en France, les défis financiers croissants ont relancé le débat sur la viabilité de ce modèle. L’idée de passer à un système par capitalisation, bien que controversée, refait surface. Le régime des retraites est un sujet complexe. Même François Bayrou a affirmé qu’aucune piste ne devait être écartée. Cela inclut l’âge de départ à la retraite.
Les causes du déséquilibre actuel
Malgré une augmentation significative des prélèvements sur salaires (de moins de 7 % à plus de 23 %, en ajoutant la CSG et la RDS), l’équilibre financier des retraites reste précaire. Trois facteurs principaux expliquent cette situation :
- L’allongement de l’espérance de vie : En 1945, l’espérance de vie était de 60 ans, contre 84 ans aujourd’hui.
- Réduction de la durée de travail : La durée moyenne de vie active en France est l’une des plus faibles au monde.
- Baisse de la natalité : En 2024, seulement 663 000 naissances ont été enregistrées, soit une chute de 2,2 % par rapport à 2023. Ce déclin, amorcé avec la crise du Covid-19, semble irréversible.
Ces éléments combinés posent un sérieux problème au système par répartition. En effet, les cotisations des actifs assurent directement le financement des pensions. En 1945, six cotisants soutenaient un retraité. Aujourd’hui, ce ratio est tombé à 1,5 cotisant par retraité.
La charge sur les finances publiques
Les cotisations actuelles ne couvrent qu’environ deux tiers des besoins. Le reste provient des contribuables, avec une contribution de 20 milliards d’euros au Fonds de solidarité vieillesse (FSV) pour les faibles pensions. Il y a aussi 110 milliards d’exonérations diverses. Cela représente un total de 130 milliards d’euros, proche du déficit public annuel.
Même le recul progressif de l’âge de départ à 64 ans n’apportera qu’un soulagement limité. Les projections indiquent un déficit atteignant 0,8 % du PIB (25 milliards d’euros) d’ici 2030.
Comparaisons internationales et solutions potentielles
En France, le taux de remplacement des retraites atteint 77,3 %, contre 93,2 % aux Pays-Bas. Pourtant, ces pays dépensent 3,5 % de PIB de moins tout en ayant des pensions supérieures de 30 %. Maintenir le système actuel nécessiterait une croissance rapide de 25 % du PIB. Un passage à 40 heures de travail par semaine serait requis, ainsi qu’un âge de départ révisé à 65 ans. Parallèlement, il faudrait encourager la natalité pour atteindre un taux de 2,2 enfants par femme.
Retrouver une stabilité économique et rendre la France plus attractive sont des impératifs pour inverser cette tendance.
Retraite par capitalisation : avantages et limites
Certains acteurs, comme le Medef, considèrent la capitalisation comme une alternative. Cependant, ce modèle soulève de nombreuses interrogations. En Allemagne, l’adoption de ce système a conduit à une augmentation du taux de pauvreté chez les retraités, passant à 16 % contre 10 % en France.
L’introduction d’un tel régime nécessiterait des cotisations supplémentaires. Cela vise à financer à la fois les pensions actuelles et les provisions pour les futures retraites. Cela représenterait une lourde charge sur les salaires et les employeurs. Une autre solution serait de cesser brutalement les pensions actuelles, impliquant une vente massive de biens publics ou une augmentation de la dette.
Des exemples étrangers, comme la Suède et le Chili, montrent que ce système peut accentuer les inégalités. De plus, il pèse sur la sécurité financière des salariés et des retraités.
Une alternative hybride ?
Une piste serait de créer une retraite complémentaire par capitalisation, en parallèle des régimes actuels. Toutefois, cette idée, bien que mise en œuvre en Suède, a également ses limites, notamment une paupérisation accrue des retraités.
Le système par points : un compromis ?
Proposé initialement par Emmanuel Macron et piloté par Jean-Paul Delevoye, le régime par points aurait unifié les 42 régimes actuels. La valeur des points aurait été fixe et garantie dans le temps, avec un taux de cotisation unique. Cependant, ce modèle, bien qu’il limite les bouleversements, aurait nécessité des cotisations plus élevées, autour de 14 %, contre les 11,05 % actuels.
Conclusion : quelles perspectives pour le régime des retraites ?
Le maintien du système actuel ou la transition vers un nouveau modèle, qu’il soit par capitalisation ou à points, exigent des efforts financiers majeurs. Chaque option comporte des inconvénients. Ceux-ci vont de l’augmentation des inégalités à une pression accrue sur les actifs.
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