En 2025, la question du déclassement des jeunes soulève des inquiétudes croissantes dans la société française. Selon une enquête Ipsos, une large majorité de la population semble nostalgique d’un passé perçu comme meilleur. Toutefois, le Haut-Commissariat à la Stratégie et au Plan nuance cette vision en montrant que, malgré des défis évidents, les jeunes d’aujourd’hui bénéficient de formations et de conditions de vie meilleures sur certains aspects. Cet article propose d’examiner combien le sentiment de déclassement est fondé et ce que cela implique pour la jeunesse actuelle.
Une génération plus diplômée, mais plus précarisée
Les données mettent en lumière une réalité paradoxale. Les jeunes d’aujourd’hui sont plus diplômés que ceux d’il y a cinquante ans. En 2023, plus de la moitié des jeunes de 25 à 34 ans détiennent un diplôme de l’enseignement supérieur, contre seulement 20 % en 1975. Bien que cette évolution soit positive, elle n’implique pas une insertion professionnelle facilitée. En effet, seulement 35 % des jeunes de moins de 25 ans sont en emploi, et parmi eux, seuls 43 % ont accès à un emploi stable (CDI ou fonction publique).
La précarisation du marché de l’emploi est à prendre au sérieux. Ce phénomène est plus marquant aujourd’hui, où les jeunes naviguent entre contrats courts et périodes de chômage, par rapport à des générations précédentes qui ont profité d’un environnement économique favorable. Les transitions fréquentes entre différents types de contrats rendent la situation d’autant plus difficile. Les jeunes d’aujourd’hui font face à un chômage élevé, avec un taux de 17 % en 2023, même si ce chiffre est l’un des plus bas depuis 1982.
Le Haut-Commissariat souligne également qu’entre éducation et emploi, un décalage se crée, les jeunes finissant souvent dans des postes qui ne correspondent pas à leur niveau d’études.
Évolution des salaires et des conditions de vie
Concernant les salaires, les chiffres montrent que les jeunes d’aujourd’hui gagnent, en moyenne, 11 % à 13 % de plus en début de carrière comparé à leurs prédécesseurs. Toutefois, par rapport au reste de la population, leur revenu est en déclin. En 2019, le revenu moyen des 30 à 34 ans était inférieur de 13 % à celui des 50-54 ans, alors qu’il était supérieur de 9 % en 1979.
Cette différence s’explique en partie par l’augmentation des contributions au financement de la protection sociale. En parallèle, la diminution du temps de travail est à noter : les jeunes d’aujourd’hui travaillent environ 1 592 heures par an, soit environ 350 heures de moins qu’en 1975. Cependant, cette baisse ne signifie pas un allègement des exigences professionnelles. Selon le rapport, le rythme de travail imposé par une demande extérieure a presque doublé, suggérant une pression de travail accrue, malgré une perception de pénibilité physique relativement stable.
Les défis de l’accès au logement
L’accès au logement demeure un point de tension significatif pour la jeunesse actuelle. Le Haut-Commissariat révèle que le coût d’accès à la propriété a explosé, nécessitant en 2025 jusqu’à vingt-trois ans de remboursement pour acquérir un bien similaire à celui d’il y a cinquante ans, où il suffisait d’une dizaine d’années. Les emprunts immobiliers, passés de 14 à 23 ans en moyenne, illustrent aussi cette grave problématique.
De plus, la concentration des habitations dans certaines zones entraîne une hausse des loyers, ce qui pèse lourdement sur le budget des jeunes. Bien que l’indice des loyers soit plus bas aujourd’hui qu’il y a cinquante ans, le poids des dépenses liées au logement a considérablement augmenté, exacerbé par l’exigence d’un niveau de confort supérieur.
Le temps libre et le bien-être
Au-delà des aspects financiers et professionnels, la notion de bien-être mérite d’être examinée. Les Français consacrent aujourd’hui plus de temps aux loisirs, atteignant plus de cinq heures par jour. Ce changement met en lumière une aspiration croissante à un épanouissement personnel en dehors de la sphère professionnelle.
Les jeunes passent plus de temps à faire du sport, mais cette augmentation du temps consenti aux loisirs s’accompagne d’une hausse d’utilisation des écrans. Bien que cela puisse soulever des préoccupations quant à l’équilibre entre le numérique et les activités traditionnelles, le temps libre accru témoigne d’une évolution des priorités de vie.
Conclusion : un avenir plein de contrastes
Il apparaît donc évident qu’il existe un déclassement des jeunes sur plusieurs dimensions, notamment en ce qui concerne l’emploi et l’accès au logement. Toutefois, des progrès indéniables en matière d’éducation et de temps libre apportent une nuance à ce tableau. Comprendre ces dynamiques aide à saisir les défis et les opportunités qui se profilent pour la jeunesse d’aujourd’hui.
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