Un changement de comportement face aux sinistres
Les sinistres, bien que fréquents, ne sont plus systématiquement déclarés. Une nouvelle étude publiée par Leocare en collaboration avec l’institut Poll&Roll met en lumière une pratique alarmante : 30 % des assurés français renoncent à déclarer leurs sinistres. Ce choix, loin d’être accidentel, s’explique principalement par des motifs économiques.
Avec des hausses tarifaires de 8 % à 12 % sur les contrats habitation et de 4 % à 6 % pour les assurances automobiles enregistrées en 2025, les contrats d’assurance sont perçus comme coûteux. Les assurés, face à des dégâts mineurs tels qu’une fuite d’eau ou un pare-brise fissuré, préfèrent souvent régler les frais eux-mêmes.
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Arbitrage : déclarer ou payer soi-même ?
Cette évolution repose sur des arbitrages conscients. En effet, 46 % des Français analysent systématiquement l’intérêt de déclarer un sinistre, pesant le pour et le contre. Parmi eux, 21 % admettent être tentés de surestimer les dommages, alléchés par la perspective d’un remboursement plus conséquent. Les longues démarches administratives, les franchises élevées et l’incertitude sur les indemnisations dissuadent encore davantage.
Ainsi, 59 % des conducteurs ne signalent pas les accrochages avec des trottoirs et 58 % des assurés ne rapportent pas les pannes d’électroménager. Ces non-déclarations, bien que minimes individuellement, fragilisent le principe de mutualisation des risques, pierre angulaire du modèle assurantiel français.
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La complexité administrative : un frein majeur
Au-delà des considérations financières, les démarches administratives constituent un obstacle notable. L’étude révèle que 65 % des assurés jugent les formalités trop complexes et qu’un sur deux pointe des délais de traitement excessifs. En outre, 32 % redoutent les visites d’expertise nécessaires après un sinistre, renforçant leur hésitation à utiliser leur assurance.
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Fraude : une réalité minoritaire mais présente
Bien que la majorité des assurés ne fraude pas, 11 % des sondés reconnaissent avoir déjà contourné les règles. Parmi eux, 8 % ont fourni de fausses factures et 10 % ont souscrit une assurance après avoir subi un sinistre, une pratique qui reste techniquement légale mais éthique discutée.
L’Île-de-France se distingue avec 20 % des assurés ayant surestimé leurs dommages pour accroître leur indemnité. Toutefois, ces pratiques peuvent avoir des conséquences lourdes : un accès restreint aux assurances ou des sanctions juridiques.
Pour comprendre pourquoi ces comportements influencent les primes, lisez notre article sur le coût des sinistres et son impact sur les primes d’assurance.
Une relation client-assureur en crise
Ce phénomène met en évidence une fracture croissante entre assurés et assureurs, marquée par une défiance mutuelle. L’assurance, censée protéger, devient un fardeau. Les assurés, malgré leurs cotisations, se sentent isolés lors de sinistres majeurs, amplifiant leur désillusion.
Pour éviter ce cercle vicieux, une refonte des pratiques et une simplification des démarches administratives semblent essentielles. Les assureurs doivent également repenser leur communication pour restaurer la confiance.
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En conclusion
Ce n’est ni la fraude ni l’ignorance qui poussent les Français à éviter les déclarations de sinistres, mais un calcul rationnel lié à une combinaison de coûts élevés et de procédures complexes. Si cette tendance se poursuit, elle risque de fragiliser encore davantage le modèle d’assurance basé sur la mutualisation des risques. Une action concertée entre assureurs et clients est nécessaire pour rétablir un équilibre pérenne.