Les arrêts de travail sont de plus en plus fréquents et prolongés. Cette situation met en péril l’équilibre des contrats collectifs de prévoyance. Dans ce contexte, les assureurs multiplient les initiatives afin de limiter leurs impacts.
Les chiffres préoccupants de l’absentéisme
En 2023, le taux d’absentéisme en France a atteint 6,11%, affichant une diminution de 9% par rapport à 2022 (source : Baromètre Ayming/AG2R La Mondiale). Pourtant, cette baisse apparente cache une réalité plus complexe. « Depuis 2019, le taux a grimpé de 10% », précise Jean-Claude Frobert, directeur adjoint chez Delta Assurances.
Par ailleurs, la durée moyenne des arrêts a fortement augmenté. Elle s’est établie à 23,1 jours en 2023, contre 20,2 jours en 2022. De plus, cette tendance touche à la fois les cadres (+8,3% sur deux ans) et les jeunes salariés, longtemps préservés. En parallèle, les arrêts de plus de trois mois représentent désormais 7,8% des absences, contre 5,9% un an plus tôt, souligne le Groupe Vyv.
Pourquoi ces arrêts s’allongent-ils ?
Tout d’abord, les risques psychosociaux (RPS) sont une des causes principales des arrêts longs. En effet, ils représentent 32% des cas, un chiffre qui atteint 46% dans le secteur tertiaire. Le télétravail généralisé et les transformations numériques ont accentué le mal-être des salariés. « Beaucoup se sentent surchargés ou perdent le sens de leur travail », explique Noémie Marciano, directrice chez WTW.
Ensuite, les troubles physiques tels que les troubles musculosquelettiques (TMS) représentent également un enjeu majeur. Touchant particulièrement les métiers physiques et les travailleurs vieillissants, les TMS représentent 87% des maladies professionnelles.
Quelles conséquences économiques ?
Les arrêts longs, bien qu’ils ne concernent que 7% des absences, engendrent pourtant 45% des coûts d’indemnisation (source : DREES et CNAM). Cette augmentation, continue depuis plusieurs années, pèse lourdement sur les régimes de prévoyance collective. En effet, les prestations versées ont progressé de 13% depuis 2019, malgré une diminution liée à la fin de la pandémie.
Marie-Laure Dreyfuss, déléguée générale du CTip, alerte : « La dérive des dépenses se poursuit. Ce phénomène devrait nous interpeller collectivement. »
La prévention : une priorité incontournable
Face à cette problématique, la prévention occupe une place centrale. Selon l’Observatoire Vyv, 60% des responsables RH et 83% des managers considèrent qu’elle est la clé pour freiner l’absentéisme. « Il est crucial de reconnaître la prévention en tant que prestation de santé à part entière », insiste Séverine Salgado, directrice générale de la Mutualité Française.
Certaines initiatives inspirent déjà. En voici quelques exemples concrets :
- Mutuelles du Soleil : Dès janvier 2023, cette mutuelle a adopté la semaine de quatre jours, avec des résultats marquants. Ainsi, 92% des salariés ont déclaré une meilleure qualité de vie, tandis que les absences de courte durée ont diminué.
- MetLife France : L’assureur propose l’application « Doado » pour prévenir les troubles musculosquelettiques. Grâce à des exercices et conseils ergonomiques, elle permet de limiter les risques de douleurs chroniques liées au travail.
- Delta Assurances : Ce courtier a introduit des bilans de santé complets. Ces check-ups aident à détecter des risques chez les collaborateurs et à prévenir d’éventuels arrêts prolongés.
- WTW France : Le groupe sensibilise les managers sur les risques psychosociaux à travers des ateliers et des formations. Ces actions permettent de renforcer le rôle des managers dans le bien-être de leurs équipes.
Conclusion : agir pour réduire l’impact des arrêts de travail
Pour maîtriser les conséquences des arrêts, les entreprises et assureurs doivent agir ensemble. Renforcer la prévention, prendre soin du bien-être des employés, et initier des solutions ciblées sont des leviers essentiels. Grâce à des mesures adaptées, il est possible de limiter les impacts, tant humains qu’économiques.
Pour plus d’informations, découvrez les dossiers sur Zoom Assurance, AG2R La Mondiale, et Delta Assurances.
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