Alors que le Portugal est salué comme la meilleure économie de l’année, le gouvernement de droite du Premier ministre Luis Montenegro annonce une réforme audacieuse de son Code du travail. Une mesure qui suscite une vive colère dans le pays, au point d’inciter la population à se mettre en grève générale, un acte qu’elle n’avait pas connu depuis 2013. Cette réforme, baptisée « Trabalho XXI » (pour « Travail XXI »), est promue sous le slogan « Flexibilité pour valoriser et développer ». Mais quel en est réellement le but et pourquoi cette initiative divise-t-elle autant?
Les enjeux de la réforme du Code du travail au Portugal
Avec l’annonce de la réforme du Code du travail, le gouvernement portugais prévoit plus d’une centaine de modifications législatives. Parmi celles-ci, on retrouve des points cruciaux tels que la simplification des procédures de licenciement, l’élargissement des services minimum en cas de grève et l’allongement de la durée des contrats à durée déterminée. Ces mesures sont perçues par les syndicats comme une grave menace pour les travailleurs, évoquant une normalisation de la précarité et une derégulation des horaires de travail.
Pour les syndicats, comme la CGTP, cette réforme est considérée comme « une des plus grandes attaques faites au monde du travail ». La révolte des travailleurs est palpable, reflet d’un mouvement qui cherche à défendre des acquis sociaux durement gagnés.
Un projet de réforme controversé : objectifs et motivations
Le gouvernement se défend en avançant que cette réforme du Code du travail est « essentielle pour accroître la compétitivité et valoriser le travail ». António Leitão Amaro, ministre de la Présidence, affirme que ce changement vise principalement à stimuler l’emploi, surtout pour les jeunes, et à moderniser un système de travail jugé rigide et en décalage avec les exigences économiques actuelles.
Il estime que le cadre légal en place empêche les entreprises d’être compétitives et d’augmenter leur productivité, un point de vue parfois contesté par les citoyens, dont plus de 60 % se disent en faveur de la grève contre cette réforme, selon un baromètre réalisé récemment.
Les conséquences économiques d’une réforme inévitable
Malgré l’impopularité de la réforme, son adoption semble inévitable, surtout compte tenu du soutien qu’elle reçoit de la part de partis libéraux et d’extrême droite. Cela soulève des questions sur la viabilité des droits des travailleurs dans un contexte où le pays, bien que surnommé « économie de l’année » par The Economist, doit encore faire face à des défis structurels.
Le Portugal a montré des signes de forte croissance économique, une inflation relativement faible et des avancées notables dans ses finances publiques. Pourtant, ce succès apparent cache des réalités plus sombres, telles qu’une crise de logement persistante et un niveau de chômage trompeur, puisque de nombreux emplois offerts sont précaires.
La réaction des syndicats : un front uni contre la réforme
Les syndicats n’hésitent pas à qualifier cette réforme de « réforme du travail pour les patrons ». Ils craignent que des mesures telles que la flexibilité du temps de travail ou l’allongement des contrats à durée déterminée n’offrent aux employeurs des leviers pour contrôler davantage les employés au détriment de leurs droits. La mobilisation populaire contre le gouvernement témoigne d’un malaise croissant dans la société civile.
Chaque acteur sur le terrain, des leaders syndicaux aux travailleurs, exprime un sentiment de mécontentement, renforcé par la perception d’une iniquité croissante dans le partage des bénéfices de la croissance économique.
Vers une adoption inéluctable : l’avenir du droit du travail au Portugal
Alors que le dialogue se polarise entre le gouvernement et les syndicats, les observateurs politiques s’interrogent sur la capacité de l’exécutif à faire avancer cette réforme sans heurts. Le soutien éventuel d’autres partis pourrait faciliter l’adoption de cette législation, mais à quel prix pour les travailleurs?
La reforme du Code du travail au Portugal doit encore affronter des obstacles avant son éventuelle adoption fin 2025. Elle constitue non seulement un test pour le gouvernement actuel, mais également un révélateur des fractures sociales et économiques qui persistent dans le pays. La modification des modalités de travail et des relations entre employeurs et employés pourrait profondément redéfinir le paysage du travail au Portugal.
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